"Ce qu'il en coûte" dans le cadre des Rencontres Théâtrales 2023

« La crise sanitaire nous amène à regarder les soignants d’un autre œil, voire à les regarder tout court. Lors du premier confinement, nous les applaudissions chaque soir à 20h, ces premiers de cordée, voire de corvée. Nous érigions en héros ce personnel soignant qui, faute de moyens (manque de masques, de sur-blouses, de réanimateurs), risquaient leur vie pour sauver celles des autres. Impuissants, pourtant parfois, à soulager, à accompagner, à sauver des vies. Toutes les vies ne se valaient donc pas pendant cette pandémie ? Il fallait trier les patients, faute de lits. Les personnes âgées mourraient, seules, à l’hôpital ou à l’ehpad, privées de la présence de leurs proches, défendues de visites, pour un dernier au revoir, interdites de funérailles. Quelle est donc cette société déchue de sa dignité, de son humanité ? Puis à l’été 2021, ceux d’entre eux qui ne voulaient pas se faire vacciner furent stigmatisés, puis renvoyés. J’ai donc eu envie d’aller à la rencontre de ces êtres qui se sont retrouvés au cœur de la tempête, de recueillir leurs témoignages, d’interroger leur vocation, leur lien aux patients, leur rapport à la mort, à la vie. Ces « personnels soignants» sont aussi des femmes et des hommes. Des êtres humains qui portent des valeurs morales et éthiques, qui sont dévoués à leur mission, à leurs patients. A partir de ces témoignages, j’ai écrit un monologue. Le corps est omniprésent dans l’exercice du soin. Corps soigné, mais aussi travail physique des infirmier.e.s, des aides soignant.e.s. Corps fatigué, usé, suant, souffrant, corps tonique, rapide, virevoltant. C’est la raison pour laquelle, j’ai fait appel à une chorégraphe qui « dessine » les mouvements de corps. Un musicien accompagne en direct le texte. Soutien ou contrepoint à la parole. Il s’agit véritablement d’un duo texte/musique."